Posté le 6 avril 2023.
Voilà déjà 10 ans que le projet BeamNG.drive a vu le jour. A l’initiative de cette création, une startup allemande répondant au nom de BeamNG, créée par Thomas Fischer et spécialisée dans le développement de logiciels basés sur la simulation physique. L’idée géniale de ce studio tient en trois mots : « soft body physics », à comprendre : la simulation en temps réel de la physique des matériaux basée sur un système d’algorithmes complexe. Une fois intégré à un jeu de de simulation automobile, ce système permet une retranscription détaillée et authentique du comportement des véhicules. Ceci fait actuellement de BeamNG.drive et de son moteur physique une petite révolution, à la fois du jeu vidéo mais aussi de la simulation.
Ce test est rédigé pendant la période d’accès anticipé au jeu, en version 0.27 au mois de décembre 2022. Il n’est donc absolument pas représentatif de la qualité finale du jeu
Sortie de nulle part, cette vidéo datant de 2012 a très rapidement enflammé la toile. Il était possible d’y admirer un pick-up se faire malmener et de se rincer l’œil au passage sur le réalisme indécent dont faisait preuve le moteur de jeu pour retranscrire les effets de la physique sur le véhicule. Initialement prévu pour tourner sous le CryEngine 3 (moteur développé par Crytek animant la série des Crysis entre autres), il s’est avéré plus tard que l’implémentation de celui-ci au jeu de conduite provoquait des bugs. L’équipe de développement a donc fait migrer son simulateur sous Torque, un moteur de jeu libre édité par Garage Games. En août 2012, le studio BeamNG met en ligne un site web et un forum pour permettre au public de suivre les avancements du projet. En trois ans, le forum réunit progressivement plus de 100 000 membres, preuve de l’engouement provoqué par l’entreprise du studio. (Fischer, 2012) Entre 2014 et 2015, une version expérimentale du jeu est proposée aux joueurs de manière optionnelle pour leur permettre enfin de mettre la main sur le jeu. (Fink, 2014). Une semaine après la proposition au vote du public par le biais de la rubrique Steam Greenlight, le jeu reçoit le feu vert de la communauté Steam avec succès en février 2014. L’accès anticipé au jeu sur la plateforme Steam est officiellement ouvert le 29 mai 2015. (Fischer, 2015). BeamNG.driven’était alors qu’une simple ébauche, plus proche d’un logiciel que d’un jeu vidéo : interface repoussante, optimisation aux fraises et bugs en pagaille. Mais c’était le début de quelque chose de bien plus grand. Voilà quelle a été la genèse du simulateur ; autrefois projet de niche, désormais en passe de faire de l’ombre aux sommités de la simulation automobile comme Assetto Corsa ou R Factor.
Que se cache derrière le titre BeamNG.drive ? Avouons-le, l’appellation est aussi séduisante qu’un nom d’entreprise de transport de fret hollandaise dont le PDG aurait manqué d’inspiration au moment de l’inscription de son établissement au Handelsregister. Le jeu repose donc comme écrit plus haut, sur un système de simulation de soft-bodies (corps mous), basés sur des algorithmes calculés à partir de véritables équations de physique. Ce système repose sur deux axes principaux : les poutres et les nœuds (node and beam). Ce système permet de simuler en temps réel un ensemble d’interactions dynamiques entre ces poutres et ces nœuds : masse, gravité, effet de torsion, élasticité, dureté ou friction. Celui-ci permet aussi de former un squelette invisible en modélisant des objets 3D comme des véhicules et de nombreux autres objets. J’en vois quelques-uns qui dorment déjà au fond de la salle, alors dans les faits qu’est-ce que cela donne ? Tout simplement un des simulateurs automobiles les plus poussés développés jusque-là. En effet, là où la plupart des autres jeux se contentent de simuler les véhicules de manière très simplifiée, BeamNG.drive prend en compte chaque pièce du véhicule ou presque : bloc moteur (évidemment), soupapes d’admission, pistons, arbre de transmission, suspensions ou encore réservoir d’essence. S’ajoutent à cela tous les éléments de carrosserie, le châssis, une gestion précise des liquides comme l’huile ou le carburant et la souplesse des pneumatiques selon leur pression et vous obtenez un modèle physique qui approche sincèrement la perfection. Il est possible également de contrôler les paramètres environnementaux comme la température extérieure de l’air (qui jouera de ce fait sur le fonctionnement des moteurs et l’adhérence des véhicules), le vent (qui n’a jamais rêvé de conduire un camping-car en bord de falaise sous des bourrasques de 350km/h ?) ou encore la gravité. La quantité de paramètres différents est simplement stratosphérique et fait de BeamNG.drive une simulation hors-norme.
Oubliez alors tout ce qui a pu se faire avant ou en parallèle de ce jeu en matière de simulation de dégâts. Tous les softs en dehors de BeamNG.drive gèrent cet aspect là par un système d’animation en pre rendering, tandis que ce dernier use d’un système en temps réel : là est toute la différence. Chaque impact, accident ou carambolage se ressent viscéralement et le résultat à l’écran est simplement époustouflant. Une vidéo comme celle-ci compare le résultat de chocs dans la réalité et des même chocs simulés dans le jeu ; il est alors facile de se rendre compte à quel point BeamNG.drive met une immense mandale à toute la concurrence. Si vous tapez trop fort sur un trottoir comme mémé qui rate son créneau en se garant devant Aldi, votre pneu crèvera ou votre rotule de direction se pliera. Prenez un dos-d’âne comme Jean-Mouloud qui joue au go-fast en plein centre-ville et vous percerez votre carter d’huile, ce qui amènera vos soupapes à surchauffer au bout de quelques minutes et donc votre moteur à exploser. Il existe donc mille et une façons de réduire votre véhicule en pièces : le faire chuter violemment d’une falaise de 100 m de haut, le faire percuter un piano à vive allure ou malmener ses suspensions sur une route dégradée jusqu’à l’agonie mécanique totale. Là encore les possibilités sont probablement infinies et dépendent entièrement de votre imagination. Il reste aujourd’hui très difficile de prendre le moteur physique à défaut à part sur des chocs à des vitesses folles ou d’affreux glitches feront leur apparition. Il arrive bien souvent que les textures des différents matériaux se chevauchent après un des chocs, mais cela ne nuit absolument pas au résultat global et cet aspect-là fait l’objet de constantes améliorations. Seulement trois points resteraient à améliorer aujourd’hui mais ce serait prévu dans la road map de développement. Une gestion plus fine des incendies et des explosions. Même si ces deux aspects sont représentés dans le jeu, le résultat est relativement sommaire et pas vraiment à la hauteur du reste. Troisième et dernier point, une restitution plus précise des éraflures sur les surfaces touchées, qui pour le moment restent indemnes de tout effet délétère de friction. Toute cette débauche de technicité et de complexité suffit-elle à faire de BeamNG.drive un bon jeu ? La réponse est oui, assurément.
La mécanique automobile et moi, ça fait deux voire quatre. Depuis BeamNG.drive, je commence tout doucement à comprendre comment fonctionne une voiture de l’intérieur, tout ceci en m’amusant. Alors calmez-vous, ce jeu n’a pas fait de moi un spécialiste de l’automobile, encore moins un passionné, mais je n’y ai pas passé 200 heures pour rien. Le titre renferme un potentiel ludique absolument colossal. C’est d’autant plus impressionnant que je suis le projet depuis le début, et que les progrès accomplis depuis par l’équipe de développement sont réellement impressionnants. D’une simple ébauche de jeu à l’optimisation catastrophique, dotée d’un contenu famélique et d’une interface sincèrement gerbante, le soft a maturé pour devenir un véritable petit bijou.
Le contenu de base est aujourd’hui faramineux. Il est possible de parcourir 13 environnements différents, de la simple Grid Map (une carte de test avec de nombreux éléments pour tester vos véhicules) à l’immense Italy (16 km2 tout de même) en passant par l’Utah, il y en a réellement pour tous les goûts. Pour ce qui est du nombre de véhicules, celui-ci est proprement hallucinant. Ils sont au nombre de 34. (Sans licences officielles, l’équipe de développement s’est même payé le luxe d’inventer ses propres marques, avec un résultat très pertinent) Si cela paraît peu, le grand nombre de versions pour chacun compense largement. Exemple : la ETK K-Series Kc6t, un modèle imitant avec perfection une berline de la marque BMW. Celle-ci existe en 12 versions réellement différentes : celle de base dotée d’un moteur quatre-cylindres turbo, celle animée par un diesel manuel, un modèle taillé pour le drift ou pour le trackday etc. Ces différentes versions ne sont pas là pour faire joli et proposent bien des sensations de conduite propres. Vous aurez ainsi plusieurs dizaines de véhicules à votre disposition : supercars dignes des pires beaufs de la Côte d’Azur, petite citadine italienne des années 70, gros 4X4 de consanguin texan ou véhicules utilitaires en pagaille. Là encore, les possibilités offertes par le jeu font dans la démesure. S’il n’y a pas à proprement parler de but spécifique dans BeamNG.drive, il existe de courtes campagnes et de nombreux scénarios et missions créés par le studio : poursuite de police, livraison de canapés ou de Tasty Cola, parcours de sauts ou rock crawling sur terrain accidenté, le contenu est déjà savoureux. Il faut imaginer ensuite que le jeu est modulable à l’infini et que la communauté de moddeurs est extrêmement active, il est possible d’installer au bas-mot plusieurs milliers de mods différents : nouveaux véhicules, props, nouvelles cartes et scénarios. Une vie ne vous suffira pas pour explorer à fond les possibilités offertes par BeamNG.drive, qui devient alors une espèce d’énorme coffre à jouets sans fond.
De plus, les développeurs pondent régulièrement d’énormes mises à jour totalement gratuites : pas de DLC ou de contenu payant, pas de Season Pass ou autres arnaques pour vous soutirer votre argent. Ils sont l’exemple même de ce que devrait être à mon sens un studio intègre et respectueux de sa communauté.Le contenu de base est aujourd’hui faramineux. Il est possible de parcourir 13 environnements différents, de la simple Grid Map (une carte de test avec de nombreux éléments pour tester vos véhicules) à l’immense Italy (16 km2 tout de même) en passant par l’Utah, il y en a réellement pour tous les goûts. Pour ce qui est du nombre de véhicules, celui-ci est proprement hallucinant. Ils sont au nombre de 34. (Sans licences officielles, l’équipe de développement s’est même payé le luxe d’inventer ses propres marques, avec un résultat très pertinent) Si cela paraît peu, le grand nombre de versions pour chacun compense largement. Exemple : la ETK K-Series Kc6t, un modèle imitant avec perfection une berline de la marque BMW. Celle-ci existe en 12 versions réellement différentes : celle de base dotée d’un moteur quatre-cylindres turbo, celle animée par un diesel manuel, un modèle taillé pour le drift ou pour le trackday etc. Ces différentes versions ne sont pas là pour faire joli et proposent bien des sensations de conduite propres. Vous aurez ainsi plusieurs dizaines de véhicules à votre disposition : supercars dignes des pires beaufs de la Côte d’Azur, petite citadine italienne des années 70, gros 4X4 de consanguin texan ou véhicules utilitaires en pagaille. Là encore, les possibilités offertes par le jeu font dans la démesure. S’il n’y a pas à proprement parler de but spécifique dans BeamNG.drive, il existe de courtes campagnes et de nombreux scénarios et missions créés par le studio : poursuite de police, livraison de canapés ou de Tasty Cola, parcours de sauts ou rock crawling sur terrain accidenté, le contenu est déjà savoureux. Il faut imaginer ensuite que le jeu est modulable à l’infini et que la communauté de moddeurs est extrêmement active, il est possible d’installer au bas-mot plusieurs milliers de mods différents : nouveaux véhicules, props, nouvelles cartes et scénarios. Une vie ne vous suffira pas pour explorer à fond les possibilités offertes par BeamNG.drive, qui devient alors une espèce d’énorme coffre à jouets sans fond. De plus, les développeurs pondent régulièrement d’énormes mises à jour totalement gratuites : pas de DLC ou de contenu payant, pas de Season Pass ou autres arnaques pour vous soutirer votre argent. Ils sont l’exemple même de ce que devrait être à mon sens un studio intègre et respectueux de sa communauté.
En termes de gameplay pur, si vous n’êtes pas dotés a minima d’une manette pour y jouer, lâchez l’affaire. Le jeu est très exigeant en matière de conduite et devient parfaitement immersif si vous êtes dotés d’un volant à retour de force… ce que je n’ai pas, bien évidemment. Premièrement, je n’ai pas la place et enfin, je préfère économiser mes sous pour me payer un jour le permis avant de faire mumuse avec un volant en plastique dans ma chambre de 10 m2. A la manette, le jeu est parfaitement jouable et offrira des sensations de conduite très satisfaisantes. Il faut néanmoins un petit moment d’adaptation tant le soft penche vers le réalisme et vos premiers tours de roues seront douloureux. N’oublions pas que BeamNG.drivereste un sandbox et il conviendra à toutes les utilisations, que vous cherchiez la performance pure ou la simple destruction débile, il est toujours possible d’y trouver du plaisir. Il vous faudra néanmoins un PC relativement solide pour faire tourner le jeu correctement. BeamNG.drivereste objectivement très beau et approche doucement le niveau des simulations concurrentes. Il faut garder en tête que le jeu tourne sur un moteur ancien et que les développeurs ont incorporé petit à petit des assets modernes tels que le motion-blur, la gestion dynamique de la lumière et des reflets, le bloom ou encore le PBR (Physical Based rendering) pour garder leur bébé au goût du jour. Les équations physiques sont gérées par le CPU -et celles-ci sont extrêmement gourmandes en ressources- tandis que la carte graphique gèrera le reste. Le jeu tourne très correctement sur mon ordinateur relativement ancien (Ryzen 5 3600 et GTX 1060 6Gb) mais le framerate baisse très rapidement quand plusieurs véhicules sont présents à l’écran. Il est toujours possible de régler les options graphiques et physiques au plus bas pour amenuiser le phénomène, mais le rendu à l’écran deviendra vite très vilain. Sachez tout de même que je joue et jouerai à ce jeu toujours avec un plaisir immense, mais je n’en exploite en fait que très peu de ses possibilités. Un peu comme si vous donniez un jeu de Scrabble à votre chinchilla en espérant de lui qu’il vous ponde son meilleur « mot compte triple ». De nombreux vidéastes proposent du contenu hilarant sur BeamNG.drivetels que MuYe, ForgottenMustard ou encore Car Pal qui sont de véritables monstres de créativité lorsqu’il s’agit de faire des crétineries avec des bagnoles. Il ne manque à ce jeu que très peu pour être parfait : un travail sur les effets sonores (même si la plupart sont très convaincants et au-dessus de la concurrence) des moteurs qui sont pour quelques-uns assez étranges, un mode multijoueur en ligne officiel (il existe néanmoins un mod amateur) et une refonte de l’interface qui reste encore un peu austère. Le studio est dans tous les cas sur la bonne route, et vous avez la pleine confiance de votre immense communauté. Ce jeu ira très, très loin.
BeamNG.drive reste aujourd’hui un OVNI dans le domaine de la simulation mécanique. Projet d’une décennie entière, il a maturé et s’est bonifié tel que l’aurait fait un bon pinard dans son fût de chêne. A force d’un travail acharné, la petite startup allemande a accouché d’une véritable pépite vidéoludique. Sandbox automobile par excellence, il reste aujourd’hui le simulateur automobile avec le moteur physique le plus abouti. Le tout est tellement bien codé que ça en fout clairement le vertige. Que vous aimiez vous prendre pour un pilote de rallye, un livreur de colis ou alors si comme beaucoup (moi y compris) vous aimez simplement foutre le bordel, casser des trucs et expérimenter, BeamNG.drive est un incontournable. Si en revanche, vous recherchez une expérience arcade, que vous êtes incapables de négocier un virage dans Forza Horizon ou que vous êtes bloqués à la première course du dernier Need for Speed, passez votre chemin. Vous n’avez pas choisi la bonne épicerie.
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Scénario | 0 % |
n/a |
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Graphisme | 83 % |
BeamNG.drive impressionne, autant par son moteur physique ultra abouti que par ses graphismes qui progressent d’années en années. Pour que le jeu flatte la rétine, il demandera en revanche une configuration correcte pour y jouer dans de bonnes conditions surtout lorsque les éléments se multiplient à l’écran. Le résultat global est prodigieux, surtout si l’on tient compte de l’âge relativement avancé du projet. Vous n’avez pas fini de vous ébahir devant vos véhicules qui partent en miettes. |
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Jouabilité | 93 % |
Les sensations de conduites sont réalistes et ne laissent aucune place à l’erreur : sous-virage, survirage, blocage des roues au freinage etc. Encore une fois, le moteur physique aux petits oignons est la clef de voûte de la réussite du jeu sur ce point. Les possibilités offertes par le jeu n’auront comme limite que celles de votre imagination tordue. Il faudra en revanche se faire à une interface plutôt austère, bien que lisible et suffisante |
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Multijoueur | 0 % |
n/a (Pas de mode multijoueur officiel) |
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Bande son | 88 % |
Les bruitages sont largement convaincants et les bruits de tôle froissée suffisamment percutants pour que l’on s’y croit vraiment. Ici encore le réalisme est de mise. Pas de musique et c’est tant mieux, les développeurs mettent leurs efforts là où c’est nécessaire. Les sons de certains véhicules sont très réussis, d’autres convaincront beaucoup moins en raison de leur rendu trop « synthétique » |
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TOTAL 88.00 % |
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Quel jeu de fou !